Le XVIe siècle marque une époque florissante pour l’art de la céramique à travers le monde. Chaque région développe ses techniques et esthétiques propres, influencées par des échanges commerciaux et culturels intenses. Voici un panorama des avancées et particularités dans plusieurs centres de production majeurs de cette époque.
Italie (1500-1570)
En Italie, la faïence atteint son apogée durant la Renaissance sous le nom de majolique. Les centres faïenciers se multiplient : Faenza, Sienne, Urbino, Gubbio, Deruta, Castel Durante, Montelupo, entre autres.

Types de décor :
- A istoriato : Scènes inspirées de gravures.
- A berettino : Fond d’émail bleuté.
- A quatieri : Compartiments de couleurs alternées.
- A raffaellesche : Inspirés des décors de Raphaël pour les Loges du Vatican.
- Bianco sopra bianco : Blanc sur blanc.
- Alla porcellana : Bleu sur blanc, imité des porcelaines chinoises.
- A compendario : Simplement tracé en bleu et jaune sur fond blanc, un style qui perdurera au XVIIe siècle.
Pays-Bas, Anvers (1508)
Guido Andriez, un artisan venu de Venise, introduit l’art de la faïence à Anvers. Les faïenciers locaux propageront leur savoir-faire à Delft, en Angleterre et probablement à Rouen.

Chine (1522-1566)
Sous le règne de l’empereur Jiajing, les potiers chinois innovent en combinant :
- Des décors peints en bleu sous couverte.
- Des émaux polychromes appliqués sur couverte et cuits à basse température.
Ce style est connu sous le nom de « cinq couleurs » (wucai).

Rouen (1535 – avant 1664)
Masséot Abaquesne, installé à Rouen, produit des vases de pharmacie et des carreaux de pavement, notamment pour les châteaux d’Écouen et de la Bâtie-d’Urfé.

Turquie, Iznik (XVIe siècle)
La céramique d’Iznik s’enrichit d’une palette polychrome dominée par le fameux rouge d’Iznik, un rouge tomate épais qui devient emblématique.

Beauvais (XVIe siècle)
Les grès azurés de Beauvais se distinguent par une couverte à l’oxyde de cobalt, mettant en valeur leurs décors moulés ou gravés.
Rhénanie (XVIe siècle)
En Rhénanie, les grès allemands se perfectionnent grâce à l’utilisation d’un vernis au sel, obtenu en jetant du sel dans le four pendant la cuisson. Cette technique s’étend de Cologne à Coblence.
Saint-Porchaire (vers 1550)
La faïence fine de Saint-Porchaire (Deux-Sèvres) est réputée pour ses formes inspirées de l’orfèvrerie et ses décors influencés par l’art de la reliure. Cette production reste cependant très limitée.

Chine (vers 1570)
Avec la découverte de la route des Indes en 1497, les Portugais entament le commerce avec la Chine. Les porcelaines des caraques (Kraak porseleins), produites à Jingdezhen, connaissent un grand succès. Leur décor en bleu et blanc est organisé en compartiments rayonnants autour d’un motif central.

France (vers 1570)
Bernard Palissy conçoit pour le Jardin des Tuileries un projet de grotte rustique ornée d’animaux et de végétaux moulés en terre vernissée. Bien qu’inachevé, ce projet constitue une étape importante dans la céramique architecturale.

Japon (vers 1580)
L’âge d’or des grès japonais destinés à la cérémonie du thé culmine à Mino. Les potiers y créent des couvertes décoratives comme la couverte shino et la couverte oribe, associées à des formes asymétriques et des motifs stylisés.

Italie, Florence (1575-1587)
Les premières porcelaines tendres d’Europe sont produites à Florence pour François Ier de Médicis. Cette porcelaine se distingue par sa translucidité, obtenue grâce à un mélange de marnes calcaires blanches, d’oxyde de plomb et de fritte préalablement calcinée. Les décors en camaïeu bleu s’inspirent de la Chine tout en adoptant parfois un style maniériste.

Lyon (1582) et Nevers (1589)
- Un plat a istoriato de style italianisant daté de 1582 (« GT.VF Lyon ») représente Le bâton d’Aaron changé en serpent (British Museum).
- Un autre plat, daté de 1589 et marqué « Fecit a Nvrs », représente Le triomphe de Galatée (Musée du Louvre), témoignant de l’activité faïencière de Nevers.

Annexes
Informations utilisées dans l’article.
Lexique
- Alla porcellana : Décor bleu sur blanc inspiré des porcelaines chinoises.
- A compendario : Décor tracé en bleu et jaune sur fond blanc.
- A istoriato : Scènes décoratives imitant des gravures.
- Berettino : Fond d’émail bleuté.
- Bianco sopra bianco : Blanc sur blanc.
- Fritte : Mélange vitreux de silice et de fondants alcalins.
- Kraak porseleins : Porcelaines chinoises destinées au marché européen.
- Raffaellesche : Décors inspirés des motifs de Raphaël.
- Wucai : Décors polychromes chinois (« cinq couleurs »).
Bibliographie
- Alain Prévet, La Céramique à travers les âges, Patrimoine culturel Gisserot
- Béatrice Quette, La céramique à travers les âges, Éditions du Patrimoine.
- Timothy Wilson, Italian Renaissance Ceramics, British Museum Press.
- John Carswell, Iznik Pottery, British Museum Press.

Sites majeurs (par ordre alphabétique)
- Château de la Bâtie-d’Urfé
- Château d’Écouen
- Jingdezhen
- Loges du Vatican
Personnalités principales (par ordre alphabétique)
- Masséot Abaquesne
- Guido Andriez
- Bernard Palissy
- François Ier de Médicis














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